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Le diagnostic comporte deux phases : d’abord éliminer la responsabilité d'un trouble psychodynamique et ensuite mettre en évidence des signes caractéristiques d'une atteinte du développement neurocognitif. Cette stratégie est longue et complexe et nécessite l'intervention de différents professionnels (médecin traitant, pédiatre, médecin scolaire, psychologue, neuropsychologue, orthophoniste, ergothérapeute, psychomotricien, ophtalmologue, orthoptiste,…) et les délais de consultation sont déjà conséquents !

Nous avons pu rencontré une orthophoniste et une orthoptiste. Ces professionnels de santé travaillent en parallèle et surtout ensemble dans le suivi des personnes dyslexiques.

Nous souhaitons partager certains passages de nos interviews, nous développerons certains points plus que d'autres mais les interviews sont disponibles dans leur intégralité dans "Home" :

 

Les orthophonistes: Ils suivent des patients de tous âges et réalisent un bilan des aptitudes et/ou de la pathologie du langage écrit et du trouble de la parole (bégaiement, prononciation, difficultés d'écriture...), puis envoient un compte-rendu de bilan au médecin prescripteur en mentionnant la nécessité ou non d’une rééducation, qu'ils prendront en charge par la suite.

D'après l'interview de Mme Cohen De Lara, orthophoniste

  - "Chaque orthophoniste a une méthodologie qui lui est propre. De plus, il est possible de suivre des formations afin de compléter ses connaissances sur un domaine.

La rééducation dépend également du patient, puisque chaque cas est différent. Il n’existe pas de rééducation type. Tous les dyslexiques n’ont pas le même profil.

On apprend une base mais c’est en fonction du patient. Il n’y a pas qu’un type de dyslexie. Donc il n’y a pas de rééducation type. On met en place un plan thérapeutique suite à nos observations cliniques et aux tests quantitatifs. On situe le patient par rapport à une norme. On voit les difficultés et ensuite, selon les difficultés on part sur un plan thérapeutique. Tous les dyslexiques n’ont pas les mêmes difficultés même s’il y a des erreurs types. Les confusions sont à traiter en priorité pour aider le mieux le patient. On essaie de trouver les points à rééduquer en premier pour l’aider le plus possible.

En fonction du canal privilégié (visuel, auditif, kinesthésique), nous adaptons nos méthodes de rééducation. Certains vont être, par exemple, plus auditifs que visuels ou inversement. Les dyslexiques ont surtout besoin que l'on identifie précisément leurs points forts (canal privilégié) sur lesquels il convient de s'appuyer pour favoriser les apprentissages. Par contre, les obstacles à leurs apprentissages (leurs points faibles) doivent être en grande partie contournés.

La plupart des enfants sont conscients de leurs difficultés ce qui peut les conduire à se sentir différents des autres, notamment lorsqu’ils bénéficient d’aide scolaire. Ils peuvent subir une souffrance due à l’humiliation dans le milieu scolaire. Une personne dyslexique rencontre des difficultés au quotidien, dans sa scolarité et dans le monde du travail.

La rééducation orthophonique permet de récupérer partiellement les fonctions cognitives déficitaires et utiliser les autres fonctions cognitives pour arriver à faire cela de façon différente : c’est ce qu’on observe chez les dyslexiques.

On pose le diagnostic après 1 an et demi / 2 ans de retard et 6 mois de rééducation orthophonique. Quand les difficultés en lecture ne persistent pas, il ne s’agit pas d’une dyslexie. En effet, la dyslexie est un trouble durable et persistant. La rééducation orthophonique aide les patients à compenser au mieux leurs difficultés mais ne fera jamais disparaître leur dyslexie. 

C’est souvent la maîtresse et/ou les parents qui s’aperçoivent des difficultés de l’enfant en langage écrit. Quand les difficultés apparaissent, il est conseillé de se rendre le plus tôt possible chez l’orthophoniste. Elle fera un bilan qui déterminera si l’enfant a besoin d’une rééducation.  

Une prise en charge dure 30 minutes. Pour les dyslexiques, il est conseillé de consulter 2 fois par semaine pour plus d’efficacité dans la prise en charge. Le langage écrit est abordé d’une manière différente de l’école. Nous essayons de rendre les activités les plus ludiques possible et de redonner confiance aux patients. On travaille sur différents supports.

Nos projets thérapeutiques ne suivent pas le programme scolaire mais sont ciblés sur les difficultés de l’enfant.

Nous ne sommes pas des magiciennes.

Le patient dyslexique aurait besoin d’un suivi à vie mais ce n’est évidemment pas envisageable. On cible des objectifs prioritaires pour que le patient s’épanouisse au mieux dans sa vie.

Les patients manquent très souvent de confiance en eux.

Pour les aider, l’outil informatique est de plus en plus développé. Par exemple, l'écriture en couleurs ou des logiciels de prédiction des mots peuvent leur permettre de réduire leurs erreurs.

Le langage écrit est abordé d’une manière différente de l’école. Nous essayons de rendre les activités les plus ludiques possible et de redonner confiance aux patients, le but étant qu'ils reprennent goût au langage écrit et qu'ils soient revalorisés

Il s'agit de favoriser les apprentissages et la scolarité en dépit du dysfonctionnement. Lorsqu'il sont diagnostiqués et pris en compte de façon adaptée, ces enfants intelligents et motivés peuvent prétendre à des apprentissages satisfaisants. C'est tout l'enjeu de la reconnaissance de ces troubles: restaurer leur confiance en eux et préserver leur avenir"

Les orthoptistes: Ils suivent des personnes de tous âges afin de prévenir et de rééduquer les troubles visuels (ex: fatigue visuel, strabisme,...) ou encore les paralysies oculomotrices (Mobilité des yeux à l'intérieur de leurs orbites). Ils peuvent également s'occuper du champs visuel (espace perçut par un œil fixe).

 

D'après l'interview de Mme Fellous, orthoptiste

- " Je me suis spécialisée dans le suivi des enfants où la dyslexie et la dyspraxie ont été détectées. Tout d'abord nous faisons un travail musculaire afin que les muscles soient en bon état (fixation/convergence...) puis une rééducation neuro-visuelle ( poser les yeux au bon endroit au bon moment) afin de leur réapprendre une stratégie de regard, de vision, d'organisation du geste en fonction de là où ils ont des problèmes. "

L'orthoptiste, s'occupe de ce qui est autour de l'œil, c'est à dire 6 élastiques qui sont en fait des muscles et qui s'occupent de faire bouger les yeux. Chez les enfants dyslexiques, nous faisons d'abord de la rééducation musculaire , c'est-à-dire que l'on voit comment chaque œil utilise ses muscles, et on voit aussi comment la personnes utilise ses deux yeux ensembles, parce qu'on peut pas faire de la rééducation neuro-visuelle si les muscles sont fatigués.

Pour lire, l'œil fait une succession de saccades visuelles suivie de la poursuite visuelle qui se fait et pour lire d’une manière fluide, ce sont des petites saccades. C’est à dire que quand on lit un mot notre œil est déjà parti sur le mot d’après, il a fait une micro saccade pour aller chercher le mot d’après tout en lisant le mot qui vient d’avoir été lu.

Les dyslexiques que je prends en charge sont tous des enfants, car les parents vont se rendre compte que leurs enfants ont du mal à lire et écrire, qu’ils font trop de fautes d’orthographes et qu’ils ont du mal avec l’apprentissage des textes .Cependant on remarque qu’ils sont plutôt douée à l’oral car ils écoutent et ils ont une très bonne compréhension. La dyslexie est uniquement basée sur la lecture, l’écriture des mots. S’ils ne sont pas bien pris en charge, que le diagnostic de l’enfant n’est pas fait (ex : MDPH) les enfants vont être en difficulté à prendre des notes (oubli de mots),  pourtant "ils ne sont pas bêtes mais aptes à bien comprendre." Pour les aider certains vont  avoir recours à une AVS ou encore à des ordinateurs en classe (un ergothérapeute peut les aider à les utiliser).Aussi ils peuvent avoir  un scanner afin de scanner le cours de son camarade qui a pris des notes pendant qu’il écoutait le cours. Il peut également y avoir des professeurs sympas qui iront photocopier le cours. Certains diagnostics se font malheureusement trop tardivement, même si ils sont faits généralement en primaire mais il n’est pas toujours facile à détecter si la dyslexie n’est pas importante, du coup on va avoir tendance à penser qu’ils sont juste « mauvais ». Dans le cadre d’une dyslexie on peut aussi avoir ce qu’on appelle le syndrome TDAH (troubles de déficit de l’attention et/ou de l’hyperactivité), par conséquent nombreux sont ceux qui ont des problèmes de comportement. À cause de ce syndrome on ne sait pas ce qui est dû à quoi, si parce que ils n’arrivent pas à apprendre ils deviennent hyperactifs ou si c’est parce que ils souffrent du TDAH, que ça les empêche d’apprendre. Il faut les prendre en charge le plus tôt possible. Il y’a certains professeurs en primaire qui  les notent à l’oral ou qui font des textes à trous et dans ce cas ils ont juste besoin de connaître les mots-clés. Afin de voir des améliorations on commence par une dizaine de séances de rééducation musculaire pour avoir de bonne base, puis il faut compter  10/12 séances environ. Les parents et professeurs vont trouver l’enfant plus à l’aise, sa lecture plus fluide ainsi que son écriture. C’est difficile de dire au bout de combien de temps j’arrête de les suivre, je les vois de moins en moins au collège et je n'en ai plus au lycée. Le problème d’orientation du regard ne vient pas des yeux directement mais d’un  dysfonctionnement de la stratégie visuelle présente chez pratiquement tous les dys. Notre travail est de les aider à contourner le problème.  Ils seraient moins dyslexiques si ils avaient la stratégie, cependant le rôle de l’orthoptiste reste récent. Les orthophonistes et les orthoptiste sont complémentaires, il y’a aussi les psychomotriciens( ils vont aider au niveau des praxis etc…). Ce n’est pas moi qui vais forcement détecter la dyslexie mais les parents qui voient que leur enfant a des difficultés. Les professeurs ne sont  pas forcément informés du problème alors que ce serait plus à eux de la détecter, mais  il est vrai que quand on a 30 élèves ce n’est pas si facile de le voir. Il existe des blogs sur internet pour les parents de dyslexique, les parents ont une  grande part dans l’aide qui leurs sont apportée.  Les séances sont une fois par semaine et dure 30 min et moins quand ils sont petits. Les dyslexiques utilisent plus la voie auditive que la voie visuelle. On aide les enfants à avoir une bonne base visuelle pour que l’orthophoniste puisse, elle, travailler avec des bonnes saccades, des bonnes poursuites visuelles et une bonne fixation."

 

Mieux comprendre les métiers exercé par les deux professionnelles que nous avons rencontrées

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